Le Club des jeunes auteurs, un atelier d'écriture créative en français et en espagnol
Le Club des jeunes auteurs regroupe les élèves du LFM souhaitant pratiquer l'écriture créative en français et en espagnol et participer à des concours littéraires dans les deux langues.
Le club se réunit une fois par mois au CDI du lycée depuis octobre 2022 et accueille régulièrement des professionnels (romanciers, poètes, éditeurs...) afin de mettre en contact les élèves et les différents acteurs de la vie littéraire à Madrid.
Découvrez ci-dessous, les premières créations de nos écrivains en herbe traitant l’autofiction : choisir un lieu de passage et l’inscrire dans une expérience personnelle et sensorielle au moyen de l’écriture à la première personne.
Texte de départ : "En los aeropuertos la gente se siente cosmopolita e interesante. Las bocas sonríen al vacío, los ojos brillan como si escondieran un secreto dichoso y los cuerpos tiemblan de excitación ante la perspectiva de sobrevolar océanos y cordilleras. A pesar de que la masificación del turismo haya contribuido a banalizar el viaje, el aeropuerto, como el útero, seguía siendo el no lugar o el lugar del tránsito, un umbral al país lejano, un portal a un mundo mágico. Yo, la única viajera triste, era una intrusa entre tantas caras radiantes y tantos pechos henchidos.” P. 89 en Leña menuda de Marta Barrio
À la sortie de la ville, au bord de l'autoroute, il est facile de trouver une station essence, près des voies où toute sorte d'engins automobiles se suivent en file indienne, traçant, par attraction, le chemin vers le centre. Que ce soit par nécessité ou par la liberté accordée par quelques instants de repos, les clients qui font halte dans cette station essence ne manquent pas l'occasion de siroter un café, de discuter autour d'une table ou d'admirer les tics et les tacs de l'horloge qui trône au milieu du mur principal de la salle (suite...)
Si l'on tend un peu l'oreille, on peut presque distinguer un ou deux mots parmi le brouillard épais de palabres qui envahit la pièce. Deux serveurs circulent avec précaution entre les tables, attentifs aux moindres demandes, tandis que le caissier confirme la commande d'un client impatient. Le chef sort de la cuisine, un plat chaud entre ses mains, et le pose doucement sur une table entourée de quatre chaises. Sur ces quatre chaises, un couple discute, une petite fille joue avec ses couverts et moi, du coin de la table, j'observe en silence la vie qui s'écoule entre les quatre murs de cette cafétéria animée.
Texte de Hawa, élève de 1ère
Les cabinets médicaux sont blancs, propres et modernes, mais une aura de peur et d'angoisse flotte malgré tout, perceptible par tous. Les personnes qui s'y rendent arborent une lueur nerveuse et effrayée au fond des yeux lorsqu'elles sont âgées, ou une apparence calme mais réellement tendue chez les adultes, teintée de raillerie à l'adolescence pour dissimuler le stress de l'annonce possible d'une maladie invraisemblable, telle que le SIDA, même pour ceux qui sont encore vierges, ou d'un cancer déclenché après un gros coup d'angoisse. Les seuls à ne pas avoir une peur quelque peu justifiée sont finalement les enfants. Insouciants, ils jouent avec les camions en plastique disposés là pour eux, ou manifestent leur mécontentement par pur ennui.
Lorsqu'une assistante entre dans la salle d'attente, tous se dévisagent. Elle appelle un nom, et quelqu'un pénètre dans le lieu sacré : le bureau du maître des lieux, le médecin. Même si certains viennent pour une consultation de routine, ils ont soudainement peur que cette simple consultation perturbe des mois de tranquillité. D'autres viennent pour un cas précis. Tous posent la partie la plus charnue de leur anatomie sur le siège face au grand bureau encombré du médecin et lèvent leurs yeux inquiets vers le visage du spécialiste.
Quant à moi, je contemple d'un air fasciné, la bouche entrouverte, le regard brillant de curiosité, les tableaux anatomiques et les longues listes de maladies rares, anesthésiée contre la peur. J'observe les moindres recoins du squelette et des organes vitaux, libérée de toute nervosité, trop concentrée sur l'analyse des virus et des bactéries pour penser aux risques qu'ils représentent.
Texte de Lisa, élève de 2nde
Quel endroit peut être plus banal que le supermarché ? Un lieu où les clients défilent les uns après les autres. Certains s'émerveillent devant les rayons, donnant presque l'impression d'avoir oublié la raison de leur venue. D'autres, fermés et l'air morose, déambulent d'un pas lourd, probablement bien moins impressionnés par les longs couloirs d'articles en promotion, ou peut-être déjà trop habitués à déambuler parmi les yaourts, les fruits et les plateaux de charcuterie, qui sait ?
Au beau milieu de cette scène apparemment banale et insignifiante, dont tous les acteurs ont depuis longtemps ignoré leur propre existence, certains plus facilement que d'autres, me voilà, jeune, innocent, et tout comme cette infime parcelle de temps, banal et insignifiant. Pourtant, je suis maître de mes yeux qui captent et figent le vivant souvenir de ma chère grand-mère poussant pas après pas de ses vieilles jambes et de ses vieilles mains, son caddie rempli de bonnes choses que j'imagine déjà dévorer une fois rentré docilement à la maison.
Texte Donovan, élève de 2nde
La Plaza Mayor es una de esas plazas icónicas de Madrid: un espacio grande y abierto por donde transitan miles de personas cada día sobre su pavimento. Es el lugar ideal para reunirse y compartir momentos de felicidad, un sitio impregnado de amoríos donde las parejas se juntan para disfrutar de un paseo mientras charlan, toman alguna tapa o simplemente se detienen a tomar café. Situada en el corazón de la ciudad, funciona como su órgano principal, con personas fluyendo como glóbulos rojos que entran y salen, se desplazan por el interior y emergen enriquecidas con nuevas experiencias, satisfechas.
Sin ni siquiera darmos cuenta, al pasar por ella viajamos al pasado, reviviendo lo que los ciudadanos del siglo XVII experimentaban, al mismo tiempo que atravesamos uno de los emblemas mejor conservados de Madrid. Con el rey Felipe III observándonos desde su caballo, nos trasladamos inconscientemente a épocas antiguas. Sin embargo, en medio de la multitud que se mueve de una atracción a otra como sardinas enlatadas, yo encuentro placer simplemente en el aroma de los bocadillos de calamares y el dulce perfume del chocolate con churros. Me elevo espiritualmente al sentirme más conectado con mis raíces cada vez que paso por los soportales, sintiéndome más paisano de Felipe III.
Texto de Tani, élève de 1ère