Interview exclusive de Zinedine Zidane par nos journalistes en herbe

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Photo-CM2 Zidane-bdCe travail est le résultat de la menée d'ateliers d'écriture journalistique dirigés par Vincent Garnier, rédacteur en chef du Petitjournal.com et Bernard Paret, directeur du cycle 3, dans les deux classes de CM2C et CM2I. Les questions sont celles que les enfants des 2 classes ont proposées et que les 10 représentants des classes ont posées à Zinedine Zidane.

Remerciements à Marie Chantal Martin, enseignante en CM2C et à Thierry Molénat, enseignant en CM2I et un grand bravo aux élèves !

Le LFM adresse ses remerciements à M. Zinedine Zidane qui a accepté avec beaucoup de gentillesse de rencontrer nos élèves.

Madrid, le 21 mai 2015

Ecole / Enfance :

- Est-ce que tu peux nous parler un peu de ton enfance?
Je suis né à Marseille il y a 42 ans. J'ai eu une enfance très heureuse.

- Quels souvenirs as-tu de l'école de ton enfance ? Est-ce que tu t'y sentais bien ?
J'en garde de très bons souvenirs. C'était une toute petite école située à 500 m de chez moi dans le quartier de la Castellane. Elle existe toujours. Je m'y sentais très bien, j'avais beaucoup de copains et copines. Je me souviens d'une anecdote, c'est un mauvais souvenir d'ailleurs. J'avais mangé des fleurs de genêt, j'ai eu une intoxication et j'ai dû aller à l'hôpital.

- Quelle différence vois-tu entre le LFM et ton école ?
Moi, j'étais dans une toute petite école alors que vous, vous êtes dans un établissement de 3 600 élèves, c'est presque une ville. Quand on est arrivé en 2001, mon fils Enzo a eu du mal à s'habituer.

- Est-ce que tu jouais déjà au foot à l'école ?
Oui, avec mes camarades, on jouait au ballon à la récréation. Et je n'étais pas le meilleur !

- A quels autres jeux jouais-tu ?
Au foot, quand j'étais petit je ne jouais qu'à ça. Depuis je me suis amélioré ! C'était une obsession, je ne pensais qu'à ça.

- Est-ce que tu aimais bien l'école ?
Oui, j'aimais surtout les mathématiques et l'histoire.

- Et tes professeurs ?
Mes professeurs étaient très sympas, j'ai eu de la chance, j'en garde un très bon souvenir. Même de ceux qui enseignaient des matières difficiles pour moi, ils étaient très bien bienveillants. Je me souviens de leur visage, de leur nom. L'école ça marque.

- Est-ce que tu étais bon élève ?
Comme ci, comme ça... J'étais très bon en maths mais dans l'ensemble ça allait.

- Quand tu étais petit, aurais-tu aimé exercer un autre métier ? 
Très vite, j'ai eu envie de faire du foot, mon métier. J'ai tout mis en oeuvre pour devenir professionnel. Mes parents m'ont encouragé mais quand j'ai quitté la maison à 13 ans et demi, ils ont exigé que je sois pensionnaire dans une famille. Tout le monde leur disait que j'avais des possibilités, et par la suite ils m'ont poussé.


Nationalité / Expatriation / Vie à Madrid :

- Tu es franco-algérien, pourquoi ?
Mes parents sont nés en Algérie mais moi, mes 3 frères et ma soeur, nous sommes nés en France. Ce sont mes parents qui sont venus en France pour travailler.

- À quel pays es-tu le plus attaché ?
Les deux, je suis très fier de la culture et des valeurs que m'ont transmis mes parents mais je suis aussi fier d'être né en France, c'est mon pays.

- Quelles sont ces valeurs ?
Le respect avant tout, respecter les choses, respecter les gens. Le travail, car le talent ne suffit pas pour réussir une carrière il faut travailler, c'est comme à l'école. Et le sérieux.
C'est ce que mes parents m'ont transmis et c'est mon éducation qui m'a permis d'être ce que je suis.

- Quelles langues parles-tu ?
Le français, l'italien, l'espagnol, un peu l'anglais et je comprends le kabyle, la langue de mes parents.

- Est-ce que tu as vécu dans un autre pays étranger ?
J'ai vécu en Italie à Turin pendant 5 ans et depuis 2001 nous sommes à Madrid. Et puis bien sûr, il y a la France. En 2006, quand j'ai arrêté de jouer, j'ai eu une proposition pour partir aux États-Unis.

- Qu'est-ce que tu faisais en Italie ?
Avant Turin, j'ai joué à l'AS Cannes puis dans l'équipe des Girondins de Bordeaux. Puis la grande équipe de Turin, la Juventus, est venue m'acheter. J'avais aussi à cette époque, la possibilité de venir en Espagne.

- Quel est ton meilleur souvenir ?
Une demi-finale contre l'Ajax d'Amsterdam. Nous avons gagné 4 à 1 à la maison. J'avais fait marquer 2 buts et j'avais marqué un superbe but.

- Pourquoi es-tu venu en Espagne ?
Pour jouer dans ce merveilleux club qu'est le Real Madrid. À la Juventus, j'avais tout gagné, j'avais envie d'un autre défi.

- Pourquoi le Real Madrid et pas l'Atletico ?
J'avais envie de jouer dans le championnat espagnol. Pour moi, le Real c'était, et c'est toujours, le plus grand club du monde. Et surtout parce que le Real est venu me chercher et le Real Madrid, ça ne se refuse pas.

- De ces pays, lequel aimes-tu le plus ? Pourquoi ?
J'ai tout apprécié, partout où je suis allé. Ce sont des cultures différentes, des gens différents qui pensent différemment. Partout j'ai eu un intérêt, la nourriture en Italie, les pâtes. A Madrid, il y a une grande mixité de population. Ce sont toutes ces choses-là qui me font du bien.

- Est-ce que tu aimes vivre à l'étranger ? Pourquoi ?
J'ai toujours aimé voyager. Depuis l'âge de 13 ans et demi, j'ai toujours changé de ville ou de pays tous les 5 ans. Sauf pour Madrid, ça fait 11 ans que je vis ici.

- Quels endroits préfères-tu à Madrid?
J'aime bien le parc du Retiro pour ses beaux arbres et parce qu'on peut y faire de belles balades. Autres endroits que ma famille et moi aimons bien, les restaurants de poissons.

- Est-ce que tu peux nous raconter un moment qui t'a marqué dans ta vie à Madrid ?
Quand j'ai gagné la Champion's league en 2002 avec le Real.

Famille / Enfants / LFM :

- Combien as-tu d'enfants ?
J'en ai quatre. Enzo 20 ans, Luca 17 ans, Théo né en 2002 et Eliaz est né en 2006. Comme vous, ils sont tous allés au lycée français.

- Aurais-tu aimé avoir une fille ?
Oui, beaucoup, car pour un papa, c'est bien d'avoir une fille. Vous confirmez les filles ?
Mais si j'avais eu le choix entre 4 filles et 4 garçons... je préfère 4 garçons.

- Comment connais-tu le LFM ?
Quand j'ai signé au Real, une de mes premières préoccupations a été de trouver une maison près du lycée français.

- Pourquoi as-tu choisi le LFM pour scolariser tes enfants ?
C'est une décision de mon épouse qui attache beaucoup d'importance aux études et puis parce que nous habitons près.

- Que penses-tu de l'enseignement au LFM ?
L'enseignement est très bon et les profs sont très sympas et très compétents. Il y a un très bon niveau et un maximum de réussite. Nous avons beaucoup de chance d'être dans ce lycée.

- Où tes enfants ont-ils été scolarisés dans les autres villes où tu as vécu ?
Dans chaque ville ou pays où j'ai vécu, ils ont été scolarisés dans des écoles françaises.

- Ton fils Luca a-t-il choisi de devenir footballeur tout seul ?
Oui, car dans la famille on joue tous au foot. Et c'est lui qui a choisi tout seul d'être gardien de but. On parle beaucoup de lui parce qu'en demi-finale il a arrêté 3 penalties. En ce moment, il est en finale du Championnat d'Europe des moins de 17 ans qui se passe en Bulgarie contre les Allemands. Je ne vais pas pouvoir aller le voir mais je regarderai le match à la télévision.

- Est-ce que tu veux que tes fils jouent au Real Madrid ?
J'espère pour eux, mais ça ne sera pas facile. Ce que je souhaite, c'est qu'ils soient heureux et qu'ils fassent ce qu'ils aiment.

- En es-tu fier ?
Très fier, oui. Mais surtout parce que ce sont des garçons qui sont bien dans leur peau, qui sont bien éduqués ; ça c'est le plus important. Après j'aimerais qu'ils puissent devenir tous footballeurs mais c'est l'avenir qui le dira.
Enzo, dont la passion est le foot, a eu son bac avec les félicitations. Et ça, c'est très important pour nous. Il est aujourd'hui milieu de terrain dans l'équipe 2 du Real.

- Est-ce que tu veux qu'ils réussissent aussi bien que toi ?
J'espère pour eux. Mais ça va être compliqué. Avec leur nom, on va les comparer à leur papa. Et j'ai fait de belles choses ! Mais ils sont conscients de ça, on en parle. Ils n'ont pas choisi le plus facile pour s'exprimer. Ils sont très exposés, on parle beaucoup d'eux.

Football :

- Comment et quand as-tu commencé ta carrière ?
Quand j'étais tout petit, au FC Foresta, le club de mon quartier à Marseille avec des maillots jaune et vert. Aujourd'hui, ce club s'appelle « La Nouvelle Vague », il est dirigé par mon frère. Voilà où tout a commencé pour moi. On s'entraînait le mercredi après midi et on jouait le samedi.

- Qui t'a donné envie de devenir footballeur ?
Moi seul, j'adorais taper dans un ballon depuis tout petit. Mais aussi parce que dans la famille, le foot est très présent. Mon papa aime beaucoup le foot, mes frères aussi. Ils jouaient au foot mais comme j'étais le petit dernier, ils ne voulaient pas que je joue avec eux. Les choses ont changé.

- Quel est le moment le plus important de ta carrière ?
C'est quand j'ai soulevé la Coupe du Monde en 1998. On fait ce métier pour gagner des titres.
J 'avais tout gagné et j'ai eu la chance de gagner le titre qu'il me manquait... et dans mon pays. C'était l'apothéose. Le but d'Emmanuel Petit nous a libérés.

- Est-ce que tu peux nous raconter comment ça s'est passé ?
Pour la France, ça c'est vraiment bien passé car on n'a pas perdu un match. On avait les meilleurs joueurs mais surtout on avait une entente cordiale entre nous. On était une équipe soudée, on s'encourageait. C'est pour ça qu'on a gagné, c'est ce qui a fait la différence. Quand on est potes, on peut soulever des montagnes.

- Est-ce que tu te souviens d'un moment amusant au cours de cet événement ?
Oui, c'est pas très gentil pour lui, c'est quand on a appris que Ronaldo était souffrant et ne jouerait pas la finale. On s'est dit : « s'il ne joue pas, ça fait nos affaires ». Et finalement il a joué la finale mais il n'était pas en forme et ça nous a servi.

- Quels étaient tes joueurs préférés ?
A l'époque de la coupe du monde, c'était Ronaldo.
Quand j'étais jeune, mon idole était l'uruguayen Enzo Francescoli. J'allais le voir quand il jouait à l'Olympique de Marseille dans les années 90. C'est pour cela que mon premier fils s'appelle Enzo. J'ai eu la chance de jouer la finale du Championnat du monde des clubs contre lui et d'avoir son maillot. C'était mon rêve de dormir avec son maillot et je l'ai réalisé.

- Et aujourd'hui ?
Il y en a beaucoup, mais celui qui me procure le plus de plaisir, c'est le belge Heden Hazard qui joue à Chelsea.

- Pourquoi as-tu décidé d'arrêter de jouer au football ?
Comme pour tous les joueurs, ce n'est pas moi qui décide. A un moment, on est trop vieux.

- Quand tu étais petit, est-ce que tu voulais déjà être footballeur ?
Oui, c'était mon sport préféré.


Futurs / Loisirs / Passions :

- Quel est ton loisir favori, autre que le football ?
J'aime bien aller me promener à pied, à vélo, avec mes enfants dans un parc avec des arbres partout, voir du vert. J'ai l'impression de me ressourcer.

- Veux-tu devenir entraîneur ?
Je suis entraîneur de la seconde équipe du Real, Castilla. Et l'objectif c'est de pouvoir entraîner une équipe de première division.

- Quelle équipe ?
Je ne sais pas, on verra bien.

- Aimerais-tu être entraîneur d'une équipe où joue un de tes fils ?
C'est ce que je fais aujourd'hui avec Enzo dans le Real Castilla. J'aime bien transmettre aux autres mes connaissances, mes savoirs. Mais avec les jeunes joueurs, ce n'est pas facile. Ils veulent tout, tout de suite. C'est beaucoup de travail, de responsabilité . C'est une année très riche où j'ai beaucoup appris.

- Est-ce que c'est facile ?
Très difficile, surtout pour lui, parce que papa, il n'est pas facile avec Enzo. Je ne lui fais pas de cadeaux.

- C'est toi qui a créé l'association Ela ?
Non, mais j'en suis le parrain depuis 15 ans. Avec ma notoriété, j'ai permis à l'association d'être connue un peu partout. D'ailleurs, en Espagne elle est active aussi.

- Quel projet as-tu en tête quand tu seras à la retraite ?
Je veux consacrer plus de temps à ma fondation en Algérie. C'est mon père qui s'en occupe pour le moment. On est ouvert à toutes les demandes : acheter des lits pour un hôpital, aider des écoles mais on est discret. En France, j'ai aussi créé un fonds de dotation il n'y a pas longtemps. Le foot m'a beaucoup donné et à un moment il faut savoir rendre, c'est ce que j'essaie de faire.

Propos recueillis par Ana, Cécile, Clémence, Eleonora, Eugenia, Marina, Selma, Emile, Guilhem et Tristan.

Interview à retrouver sur le site internet de notre partenaire LEPETITJOURNAL.COM

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