Reconstitution d'un procès des assises par la classe de 2nde6 : l'affaire Tremblay

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IMG 3316Accusé, levez-vous!


Le 11 septembre 2013 à Ceni au petit matin, monsieur Yvon Tremblay a été victime d'une attaque à main armée commise dans sa bijouterie par messieurs Tristan Douille et Bernard Tichaut. Les malfaiteurs s’enfuient avec des bijoux et 12 000 euros en espèces. Yvon Tremblay reprend ses esprits, se saisit d’un pistolet de 7,5 millimètres et sort dans la rue. Il voit Bernard Tichaut et Tristan Douille qui filent à toute vitesse sur leur scooter. Il vise et tire. 3 fois en 3 secondes. La troisième balle impacte mortellement le passager arrière Tristan Douille.

Les faits / Septembre à Ceni, Yvon Tremblay ouvre sa boutique pour la journée, il ouvre le rideau métallique, les vitrines, et se tient prêt à accueillir les premiers clients… Soudainement, un CRAC ! Deux hommes entrent dans la bijouterie, et il se fait immédiatement frapper ! “Ouvre ton coffre fort” ! Bien sûr, il doit leur obéir, ils ont un fusil. Il ouvre le coffre, ils prennent les bijoux et l’argent à l'intérieur et les deux hommes s’enfuient. Il est sonné mais vivant… et pas homme à se laisser abattre. Il prend alors le pistolet qu’il conserve dans l’arrière-boutique depuis que les braquages de plus en plus violents se sont multipliés dans les bijouteries françaises. Il se précipite dans la rue, voit les deux malfaiteurs filant sur un scooter, il vise méthodiquement et leur tire dessus. Les 2 premiers coups ratent leur cible mais le 3ème fait mouche.

Septembre à Ceni, le jeune et inconséquent Tristan Douille, futur papa, se prépare pour commettre un braquage. Il part avec son complice habituel, Bernard Tichaut, vers la bijouterie L'Émeraude. Ils cassent la porte et entrent. “Ouvre ton coffre fort” ! dit Tichaut tout en assénant un coup de crosse de fusil au visage de l’homme plus tout jeune. Le bijoutier apeuré, obéit, il ouvre le coffre, et les deux voleurs prennent ce qu’ils y trouvent: bijoux et argent. Ils sortent tous les deux, sur le scooter de Tichaut. Ils croient qu’ils ont réussi et peuvent rentrer tranquillement chez eux. Le coup était décidément facile dans cette bijouterie tenue par un homme âgé ! Tristan et Tichaut s'échappent, Tristan à l'arrière du scooter, suiveur comme toujours. Il entend alors 3 détonations sèches et puissantes et ressent une forte douleur dans son dos. Tout devient noir…

Une affaire qui divise / Que défendait vraiment Yvon Tremblay au moment où il tire ? Sa vie menacée comme il l'affirme ? Ne cherchait-il pas plutôt à récupérer ses biens volés ? Le magistrat instructeur a en tout cas renvoyé M. Tremblay devant la Cour d’Assises pour homicide volontaire. La défense affirme que les actions de Yvon Tremblay s’inscrivent dans le cadre de la légitime défense, un cadre légal où l’auteur d’un homicide ne risque aucune peine puisqu’il défend sa propre vie menacée. Par contre la loi interdit l’homicide volontaire pour défendre des biens car la riposte doit être proportionnelle au danger encouru. Alors quelles étaient les intentions de M. Tremblay au moment où il tire en direction du scooter ?

Le procès lui-même / Le procès commence. Les magistrats résument les faits. Tremblay ne nie rien. On commence avec les parties civiles. Elles lui demandent s’il était conscient de tuer Tristan. Il dit que non, que les faits se déroulaient trop vite. Il dit qu’il ignorait la position de Tristan. Il dit qu’il ne visait pas Tristan, qu’il voulait seulement percer le pneu pour immobiliser le scooter. Ensuite le Ministère Public.

Finalement, la défense : les avocats lui demandent ce que représente sa boutique pour lui : il l’a depuis qu’il est arrivé en France il y a presque dix ans, et il veut la transmettre à son fils pour que ça soit un héritage de sa famille. Il avait peur car il y a eu une augmentation des braquages près de lui : son ami Michel, un autre bijoutier, avait été braqué quatre semaines auparavant.

C'est maintenant le tour de l’experte. Selon la position du tir, elle affirme que Tremblay ne visait pas les pneus comme il l'affirme, mais Tristan, avant même que celui-ci ne se soit retourné ! Ceci pose un grand problème pour Yvon Tremblay : s’il visait Tristan sans que celui-ci se soit même retourné, il ne peut pas dire qu’il n’at pas essayé de le tuer, et donc il ne peut s’agir d’un cas de légitime défense.

Finalement Tremblay répond à des questions sur sa vie avant qu’il ne sache s’il pourra ressortir en un homme libre ou pas. Il doit raconter aux magistrats qu’au Liban, il appartenait à un petit groupe de combattants, et que c’est là qu’il apprit à tirer. Ensuite, les parties civiles l'interrogent sur sa famille qui est très soudée. Enfin, c’est le tour de la défense, qui nous apprend qu’Yvon se considère un bon citoyen, qu’il a toujours payé ses impôts, et qu'il n'avait jamais commis le moindre délit jusqu’a ce jour funeste de 2013.

C’est le moment des plaidoiries et réquisitoire. Les parties civiles commencent fort : "On est ici pour défendre l’honneur de Douille", "Tremblay s’est pris pour un justicier", "Tristan n’était qu’un petit délinquant, Tremblay est le seul ici à avoir tuer".
Ensuite le procureur. Il explique la dimension polémique de cette affaire mais que le Minsitère Public est là "pour appliquer la loi". Il résume les faits, mettant beaucoup d’importance sur le fait que les actions de Tremblay n’était pas spontanées mais intentionnelles, et donc qu'il doit être jugé pour meurtre. Il requiert une peine de 18 ans de réclusion criminelle.

Pour terminer, la défense. Ils commencent avec une question- "que feriez vous si, un matin, vous alliez à votre travail, vous prépariez tout pour commencer la journée, et vous vous faisiez attaquer par deux hommes armés et casqués ?" Ils expliquent que Tremblay a eu peur, son ami avait déjà été volé le même mois ! Ils vont terminer avec une assertion percutante : "Tremblay est un homme de 67 ans. Le condamner à la prison c’est le condamner à mort !"
Avant de délibérer, Tremblay ne dira qu’une chose : "J'espère que vous ferez le bon choix"

La décision finale / 20 minutes plus tard, on arrive au verdict : 8 des 9 jurés disent qu’il ne s’agit pas de légitime défense. 8 des 9 ont dit que Tremblay avait volontairement tiré sur Douille. Il s’agit donc d’un homicide volontaire à cause du choix de l'arme, de la position du tir et des propres aveux de Tremblay. Il est condamné à 18 ans de réclusion criminelle. Pouvons nous dire que le jury a vraiment fait le bon choix. Question de point de vue sans doute ?

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